Fin janvier 2018, nous apprenons que la route menant à la Réserve du Néouvielle sera barrée par un dispositif de péage.
Un parking payant était déjà en place depuis plusieurs années au niveau d'Orédon. Le projet envisage de déplacer ce péage et de l'installer 4 kilomètres plus bas sur la seule route d'accès. Un droit d'entrée sera demandé à tous les véhicules voulant rejoindre Cap de Long ou Orédon.
Ce projet, sans aucune concertation préalable, a été mené par le SIVU Aure-Néouvielle.
Celui-ci englobe les communes d'Aragnouet, Aspin-Aure, St-Lary-Soulan et Vielle-Aure.
Le 6 décembre 2017, le SIVU Aure-Néouvielle se réunit sous la présidence de Jean Mounicq.
6 personnes sont présentes.
"La réalisation de ce projet permettrait au SIVU d'améliorer l'accueil des touristes et la qualité des services rendus [...]
- Construction et entretien d'un accueil et de sanitaires sur le site de Cap-De-Long
- La mise en place d'aires de camping-cars et pique-nique
- L'aménagement d'aires de propreté avec ramassage des OM avec tri sélectif
- L'aménagement d'un sentier autour du lac d'Orédon avec aires de repos, diversifiant ainsi l'offre d'activités sur le site d'Orédon
- La mise en place d'un signalétique adaptée
A la porte d'entrée sera instauré un paiement de droit d'entrée unique qui s'appliquera à tous les usagers du site du Néouvielle qui se rendent à Cap-De-Long, Orédon, Aumar
Aubert et l'Oule à partir d'Artigusse [...]
Après avoir délibéré, les membres du Conseil syndical, à l'exception de Mr Jacques Cazala qui s'est abstenu dans son vote approuvent le projet de la mise en place de la porte d'entrée à la haute route des lacs et au massif du Néouvielle [...]
Demandent à Monsieur le Président de solliciter les aides financières les plus élevées possibles auprès de l'Europe, l'Etat, la Région et le Départementpour permettre au SIVU de réaliser cette opération."
Vous pouvez consulter cette délibération en la téléchargeant ci-contre.
Bien entendu, à ce moment précis, personne n'est au courant du projet qui se prépare dans le Néouvielle, si ce n'est les 6 personnes présentes à cette réunion et les élus qu'elles représentent.
Quelques semaines plus tard, le 16 janvier 2018 plus précisément, un arrêté portant le numéro 03380 parait au registre des arrêtés du Président du Conseil départemental. Il est signé conjointement par Mr Jean Mounicq, Président du SIVU ainsi que Mr Michel Pélieu, Président du Conseil Départemental.
Cet arrêté prévoit un délai de 2 mois pour tout recours.
Fin janvier, quelques articles de presse locale commencent à parler de cet arrêté et de ce projet. Il n'en faut pas plus pour que certaines personnes se décident à relayer l'information et organiser une contestation.
Voici le premier article relayant cette information, elle a été publiée sur le site internet scoop it http://sco.lt/88P6Uj
Très vite, une pétition en ligne lancée par un amoureux des Pyrénées fait écho. En quelques semaines elle va recueillir plus de 23.000 signatures, largement relayée par les réseaux sociaux. Elle sera accompagnée d'une autre pétition en ligne, lancée par Jean-Paul Souvigny et qui va recueillir près de 3.000 signatures supplémentaires.
Cette pétition fera également écho dans la presse locale et régionale.
Un reportage pour le journal télévisé de France3 Midi-Pyrénées sera réalisé.
Vous pouvez retrouver ici tous les articles de Presse consacrés à ce projet.
La caisse de résonance de cette pétition est si importante qu'elle va permettre de
fédérer autour du créateur de la pétition des personnes issues de la montagne, de
fédérations de randonnées pédestres, des habitants des vallées ou de simples
usagers de la montagne.
Un collectif va rapidement se créer. Il se nommera "Pyrénées libres !"
Il envisage de lutter contre toute installation de péage ou de redevance pour randonner dans les Pyrénées.
Déclaration du collectif Pyrénées Libres
Jeudi 1er mars s’est réuni un collectif haut-pyrénéen pratiquant notamment diverses activités randonnées,
escalade, raquettes dans les Hautes Pyrénées, composé :
de membres de l’association Cauterets Devenir
d’élus du groupe Cauterets à Venir
et de citoyens, non affiliés, signataires des pétitions: « Non à une redevance pour randonner
dans le Néouvielle », « Non au nouveau péage d’accès au massif du Néouvielle » et « Pour un
accès libre et gratuit à la vallée du Marcadau ».
Notre collectif constate :
- qu’il n’est fait aucune référence à un quelconque texte relatif à la protection de l’environnement
alors que l’arrêté est pris pour « satisfaire aux objectifs de protection du site naturel remarquable de
Néouvielle »,
- aucune référence à une étude d’impact ou à un projet d’aménagement afin de mieux protéger le site
- que la période d’application, « de mi-avril à fin novembre » est totalement disproportionnée pour
régler un problème survenant « en période estivale »
- qu’une atteinte tout aussi sérieuse à la législation relative aux conditions d’accès aux espaces
naturels se produit également sur la commune de Cauterets, dans la vallée du Marcadau
Notre collectif s’interroge donc sur :
- la légalité d’un péage sur une RD
- le pouvoir des Présidents du SIVU et du Conseil Départemental d’en instaurer un
Et se demande en quoi l’instauration d’un péage peut réduire « les cas de stationnements sauvages ».
Nous sommes attachés à un accès libre et gratuit aux espaces naturels, et tout aussi soucieux de leur
protection face aux impacts d’une éventuelle surfréquentation. Mais nous ne pensons pas que les mesures
adoptées soient très adéquates.
Nous souhaitons donc réaffirmer collectivement notre volonté d’exercer notre vigilance contre toute
tentative de mise à mal de l’accès libre et gratuit à la montagne et aux espaces naturels pour des raisons
autres qu’environnementales.
Aussi, nous souhaitons interpeller les décideurs politiques et Mme La Préfète sur la nécessité de retirer cet
arrêté et d’entamer la concertation la plus large possible afin d’aborder sereinement les problèmes générés
par la saturation des parkings l’été ou le maintien d’un accès libre et gratuit aux espaces naturels (vallée du
Marcadau à Cauterets). Et nous souhaitons être associés à d’éventuelles études sur les impacts
environnementaux de la fréquentation des sites du Néouvielle.
Plusieurs rencontres avec des élus vont être organisées. Nous rencontrerons notamment la sous-préfète de Bagnères de Bigorre, le Président du SIVU Aure-Néouvielle ou bien des élus du Conseil départemental. Toutes ces rencontres n'aboutiront que sur des contre-vérités, mais elles vont servir à mettre la pression sur les décideurs.
Entourés par une avocate, les membres de ce collectif envisagent de créer une association afin de porter le recours devant le Tribunal administratif de Pau avant le 16 mars 2018.
Individuellement, nous envoyons des demandes de recours gracieux auprès du président du SIVU et du Conseil départemental.
L'association est créée moins d'une semaine avant la fin du délai de recours. un recours de plus est alors envoyé et automatiquement celui-ci repousse la mise en place de l’arrêté.
Le 27 mars 2018, l'arrêté 03380 est abrogé. C'est une première victoire pour notre jeune association.
Nous vous invitons à consulter différents documents importants.